Dans la grisaille du confinement, on a vu poindre une nouvelle étoile, Lubiana. Au gré du clip de Self Love (titre éponyme de son EP), la caisse de résonance de la kora semble le paravent de la nudité de l’artiste belgo-camerounaise et le ventre d’une femme enceinte.
Diaphane, la voix de Lubiana court comme l’eau vive, que l’ancestrale harpe-luth diapre de ses notes perlées. La chanson évoque la confiance en soi, difficile à acquérir quand on se regarde dans les yeux d’autrui. Instrumentiste, auteure et compositrice, elle sait de quoi elle parle. Femme, métisse, jeune : autant d’obstacles dans un système social qui rentabilise, stigmatise.
« Dès l’enfance, j’aimais chanter devant ma famille et rêvais de me produire sur scène, explique-t-elle. À 17 ans, j’ai souhaité suivre des études universitaires de musique. Lors d’un examen d’entrée, un prof m’a interrompue et m’a lancé : “Nous, on est ici (d’un geste, il a indiqué une hauteur élevée), et toi, tu es là” – en bas, m’a-t-il montré. Une autre fois, on m’a conseillé de faire de la musique seulement comme un hobby. ».
Finalement, Lubiana Kepaou Kouamou Tchoutcho Nono – patronyme hérité de ses ancêtres bamilékés qu’elle égrène avec fierté – a terminé ses études supérieures musicales avec la mention « grande distinction ». « Trouver ma place dans la société a été une longue quête. J’ai toujours été sensible à tout type d’injustice et d’inégalité. L’écriture et la musique ont été ma consolation. C’est cette source d’espoir que j’ai envie de transmettre. » En 2015, elle entend au détour d’une rue, à Majorque, le son d’un instrument qui lui est inconnu : la kora. « C’est arrivé à une période où je me sentais perdue. Soudain, les notes de la kora m’ont apaisée et ouvert l’horizon. » Lubiana a étudié avec acharnement cet instrument traditionnellement réservé aux hommes, et qu’elle appelle son « âme sœur ». Depuis, la rare korafola (terme désignant les artistes pratiquant la harpe-luth ouest-africaine aux 21 cordes) a assuré la première partie de Youssou N’Dour.
Aujourd’hui, elle présente son EP de cinq titres, en attendant de publier son premier album en octobre, et distille avec grâce sa mélodie afro-soul mélodieuse aux reflets jazz et pop. « J’ai la conviction que la culture tient un rôle essentiel dans la société. C’est à travers elle que, face aux douleurs du monde, je veux apporter de la douceur. »
July 03, 2020 at 12:27AM
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Musique. Lubiana, une étoile de l’afro-soul au firmament - L'humanité
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