« C’est du jamais vu… » L’expression est sur toutes les lèvres au lendemain des violents orages et des coulées de boue qui ont touché les communes de L’Étoile et de Bouchon, à deux reprises en moins de 24 heures : d’abord dans la nuit de mercredi à jeudi, puis en fin d’après-midi ce même jeudi.
Lire aussi : Saint-Riquier. Des conditions particulières pour la reprise des lotos
Valérie et Christophe Rivillon ont même vu trois vagues dans leur maison, l’une des plus sinistrées de L’Étoile.
Le couple vit avec ses trois enfants, adolescents, dans les hauteurs de la commune, rue des Poiriers, en-dessous d’un grand champ de lin d’où l’eau s’est engouffrée directement.
Trois vagues successives en quelques heures
Valérie Rivillon raconte :
La première fois, c’était en pleine nuit. On a eu 1 mètre d’eau dans le sous-sol. Les pompiers sont arrivés vers 4 h du matin et ont pompé. On a tout de suite été très aidé. On a tout nettoyé, et on pensait que c’était fini vers la fin de matinée. Mais non, ce n’était pas fini.
Une nouvelle averse en début d’après-midi, et de nouvelles coulées de boue… Puis, surtout, le second orage, en fin de journée.
C’était la troisième vague, la pire. Quand on l’a vue arriver, c’était l’hécatombe. On était abasourdi…
Lire aussi : Mort de Jean-Claude Billot : Emmanuel Macron salue « une vie d’engagement »
La mère de famille craque alors. « On a tout perdu, tous nos souvenirs… Heureusement, nos enfants vont bien. Mais ils sont traumatisés. »
Un congélateur retourné par la force du courant
Dans la propriété des Rivillon, les objets s’amoncellent près du portail, entassés par le couple, les proches et voisins venus aider, et par les bénévoles de la Croix Rouge.
« Il n’y a rien à sauver, constate Christophe. Tout a été emporté par la boue. » Le lendemain, il reste d’ailleurs une cinquantaine de centimètres d’eau boueuse dans le sous-sol.
« Tout l’électroménager est encore à l’intérieur, on n’a pas pu le sortir », ajoute Valérie.
La coulée de boue était à ce point puissante qu’elle a renversé le congélateur de 300 litres. « Il n’y a rien à sauver là-dedans », continue-t-elle.
Lire aussi : [VIDEOS] En avril, un torrent de boue traversait le village de Francières
Un couple a dû revenir de Paris… à deux reprises
Quelques maisons plus bas, Hervé Debris préfère garder le sourire. « D’autres ont été plus touchés que nous », philosophe-t-il.
Sa femme Claudine et lui étaient à Paris, où ils travaillent et vivent la semaine, lorsqu’un voisin les a appelés dans la nuit : la coulée de boue avait traversé leur terrain et s’était infiltrée dans le sous-sol.
« On est arrivé à L’Étoile à 9 h et on s’est mis au travail. En début d’après-midi, tout avait été nettoyé. On a décidé de repartir à Paris », explique Hervé Debris.
Ce n’est qu’à leur arrivée qu’ils ont appris que le deuxième orage avait fait de nouveaux dégâts, encore plus importants. « On a dû faire demi-tour, et tout recommencer », résume-t-il.
Le monde agricole solidaire
Son épouse et lui soulignent la solidarité qui s’est spontanément mise en place.
Ça met du baume au cœur. On s’est vraiment sentis entourés. Des habitants sont venus proposer leur aide, le maire a été très présent dès le début, un voisin agriculteur est également venu aider.
Au volant de son manitou, Vincent Lepers est effectivement sur tous les fronts, passant d’une maison sinistrée à l’autre pour évacuer des tonnes de boue. « Le monde agricole est très solidaire », s’enflamme-t-il, pestant contre « l’agri-bashing ». Sa maison a été épargnée par la coulée de boue. « Il fallait aider ceux qui n’avaient pas cette chance. »
Un peu plus loin encore, d’autres voisins nettoient leurs allées, conscients d’avoir échappé à bien pire. « On voyait les dégâts dans les maisons un peu plus hauts, et la boue qui s’arrêtait juste avant nos entrées. Bien sûr, c’est très angoissant, on se demande jusqu’où elle va aller. »
Le café a été traversé par un torrent
Dans le café du village aussi, on pensait avoir évité le pire après le premier orage, mais le deuxième a provoqué des torrents qui ont traversé deux maisons. Sans blessé, mais les dégâts sont importants.
« On n’en est pas au bilan, souffle le maire Ghislain Tirmarche. Pour l’heure, on pare au plus pressé, on réagit, on aide. »
Lui aussi souligne le caractère inédit de ce sinistre. « On n’a jamais vu ça, et ça arrive deux fois en quelques heures », ajoute-t-il.
Après cette première vague, le nouveau maire avait rapidement fait nettoyer les rues. « Elles étaient redevenues propres dans l’après-midi. Puis est arrivée cette deuxième vague… »
Bouchon avait été relativement épargnée par le premier orage
Son homologue de Bouchon fait un constat similaire. « On a nettoyé les rues, à 13 h tout était propre », se souvient Etienne Vignon.
Les habitations, elles, avaient été épargnées par ce premier orage. Le second a été d’une violence rare : 45 mm d’eau en 10 minutes.
Dans ce petit village où les coulées de boue représentent un problème récurrent, le maire n’en revient toujours pas. « Bien sûr, on a déjà eu des problèmes de ce genre, mais jamais avec une telle violence. » Exploitant agricole, l’élu était dehors quand le second orage a éclaté : « C’était extrêmement violent. »
Quelques caves inondées, de l’eau dans quatre maisons… Un couple de retraités vivant à l’entrée de Bouchon, surtout, a été particulièrement sinistré, avec son sous-sol rempli d’eau. « Les trois exploitations agricoles ont également été impactées, même si les cultures semblent avoir été épargnées », précise Etienne Vignon.
Un sinistre qui rappelle celui du 17 avril à Francières, Buigny L’Abbé et Bussus-Bussuel
Après le nettoyage viendra l’heure d’évaluer les dégâts. Les deux maires ont dès le lendemain du sinistre engagé les démarches pour que L’Étoile et Bouchon obtiennent la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, qui permettra aux sinistrés d’être mieux pris en charge par leurs assurances.
« Il faudra aussi agir pour ne pas que ça se reproduise », assène Ghislain Tirmarche, qui se réjouit en revanche du comportement des Stelliens : « Beaucoup d’habitants étaient là pour donner un coup de main, dès le premier orage. C’est quelque chose dont on peu être fier collectivement. »
Ces coulées de boue, sans précédent à L’Étoile comme à Bouchon, évoquent celles dont ont été victimes plusieurs villages autour d’Ailly-le-Haut-Clocher le 17 avril dernier, en plein confinement. Francières, Buigny L’Abbé et Bussus-Bussuel avaient particulièrement été touchées.
Les circonstances étaient semblables : des semaines de sécheresse, un orage violent, une énorme quantité de pluie qui ruisselle sur des champs à nus… Mêmes circonstances, mêmes effets, et mêmes traumatismes pour des habitants sinistrés qui scrutent désormais le ciel avec angoisse.
La commune a besoin de bennes
Certains sinistrés peuvent encore avoir besoin de mains pour aider à nettoyer. Des bennes seraient également bienvenues pour évacuer les déchets.
La liste des besoins est à retrouver sur la page Facebook de L’Etoile.
August 14, 2020 at 08:21PM
https://ift.tt/3aBF0tz
L’Étoile, Bouchon. Ils ont été inondés deux fois en moins de 24 heures - Le Journal d'Abbeville
https://ift.tt/2VcVqC8
étoile
No comments:
Post a Comment